#09 Mon Botox et moi

La chirurgie esthétique de la quadra

Faire un podcast sur la chirurgie esthétique de la quadra peut vite enfoncer des portes ouvertes, ouvrir des boites de Pandore et vous faire bailler ou électriser.
Les magazines et webzines people regorgent de photos avant/après, de stars parfois défigurées, parfois transformées au point qu’on en chausse nos lunettes de presbytes pour tenter de retrouver dans la pupille un point de similitude avec la version 0, de stars pour qui «  c’est trop bien fait, hyper naturel »
Le sujet est clivant, au moins autant que celui de dissocier l’homme de son art, d’être pour ou contre l’allaitement.
Il y a une team #nobistouri #nobotox d’un côté et une team #foreveryoung #jelefaissijeveux de l’autre.
Dans les diners entre copines, le sujet reste entier.
Hier soir encore, après une heure d’escape game avec mes copines,le sujet a été évoqué et les avis et surtout les « pourquoi tu as fait ça » ont fusé.Je précise que ces amies viennent à peine de fêter leur 30 ans.

Travaux pratiques

Alors que le plus discrètement possible, au resto « les routiers » près de la place Voltaire, j’exhibais mon téton droit afin de montrer que non, he éhé no trace de cicatrice c’est trop bien fait , j’ai déjà pris conscience que le fait d’en parler était devenu plus naturel, moins honteux.
C’est quand même assez paradoxal de souffrir ( pour celles qui ne savent pas, une chirurgie plastique mammaire, c’est quelques semaines au lit comme une tortue sur le dos, dans l’impossibilité de se mouvoir à partir du torse. Si une bonne âme ne vient pas retaper vos oreillers pour assurer la position assise, vous plongez dans les abimes de l’edredon sans espoir ) , de payer une somme assez rondelette et de n’en piper mot à la fin. Un peu comme laisser son sac Chanel dans un placard.
Est ce parce que j’ai vieilli et que j’ai laissé mes peurs sociales derrière moi que je peux en parler aussi librement ? En parler à mes copines ou même au travers d’un podcast ( au passage de plus en plus écouté, merci à toutes et à tous ! )
Ou est-ce que le regard de la société a changé ? Que la chirurgie, boostée par la tyrannie comptes instagram est devenue une norme plus qu’une lubie réservée à une élite argentée ? Pour info les demandes de chirurgie chez les jeunes ont tout simplement explosé ces dernières années. Le selfie rend riches les instagameuses peut être, lezurs chirurgiens surement.
Existerait -il non plus une liberté mais une injonction à prendre soin de son corps, quitte à en passer par le bistouri pour répondre à une nouvelle esthétique ?
De ce fait en parler aujourd’hui librement reviendrait à renoncer à une autre liberté : celle de s’accepter telle que l’on est ? Paradoxal non ? Quand une liberté de parole globale devient un renoncement intuiti personae.

Alors, pour ou contre la chirurgie peut-on se demander ?

Punchline souvent entendue et une fois de plus , la réponse généraliste que l’on peut en faire, quelle soit positive ou négative revient elle aussi à marcher sur les plates bandes de la liberté individuelle. Ce que je déteste.

Ce soir là au resto les Routiers, mes copines m’ont demandé « pourquoi » tu as fait ça ? Attention, je ne suis pas Paméla Anderson version 1. J’assume un 90B tout en finesse.
Mais la question de Diana m’a fait réfléchir et à la réponse usuelle «  j’en ai eu envie, point barre » j’ai répondu « j’en ai eu besoin à l’époque »
Pourquoi ?
Revenons 26 ans en arrière : J’ai 21 ans et j’ai un corps plutôt sympa. Des années de danse classique ont formé un corps qui a tout perdu de ses traditions familiales : pas de sein du tout, des hanches très étroites et autant dire un joli petit fessier, le tout sur 1M79. bref je n’avais pas trop à me plaindre et mes amants non plus.
Puis me voilà enceinte à 21 ans. .Les 30 kgs à manger comme une ogresse ont laissé des vergetures sur les cuisses,les hanches, les fesses, tout mon entrejambe. Au lendemain de mon accouchement, ma mère me dira d’un ton déespéré : je ne te reconnais plus, tes jambes sont des poteaux. Et que dire de mon ventre, une chose flasque, strié de marques et si je perds seulement en quelques semaines mes kilos, il reste ce petit tablier sur mon pubis. Comme avait dit si joliment Patrick Bouchitey dans le mémorable film « 9 mois », » je suis une vraie piste de ski ».
Mon corps a souffert et ne ressemble plus à la version d’origine
A l’impudeur de mes jeunes années vient le temps de la lumière éteinte et des étreintes uniquement nocturnes.
La seule chose qui est restée intacte, ce sont mes petits seins. le massacre s’est arrêté au nombril. Est ce la raison pour laquelle j’ai instinctivement refusé l’allaitement ? C’est pour moi une certitude, j’avais sacralisé mes seins, seuls rescapés de la bataille de la maternité et il était absolument hors de question que je prenne le risque de les abimer. J’ai sacralisé, voulu protéger ce qu’il me restait. et pour cela , il me fallait les grossir, afin d’exhiber fièrement les restes de ma féminité massacrée.dire avec la foi d’Eva Herzigova pour wonderbra « Je ne suis pas foutue » …

J’ai donc subi quelques années plus tard cette chirurgie esthétique.

Ne serait-ce pas plutôt une chirurgie réparatrice ? Car j’ai réparé quelque chose qui ne demandait rien. Et c’est bien là que je voulais en venir. J’ai déplacé le problème et lui ai trouvé une solution qui ne lui convenait pas. u qye je n’ai jamis porsté cette lingerie fine, jamis mis de décolleté. Tout ce que j’avais achété, je ne l’ai jamais porté. Je fais partie de la team « Nobra », ayant refusé par habitude et par certitude tout ce qui pouvait m’entraver, me serrer, m’encombrer.
Aujourd’hui j’ai très envie de procéder à leur kidnapping, enlevez-moi ces trucs qui ne me servent à rien. Je n’en ai jamais fait usage comme une fierté, j’ai juste voulu me récompenser d’une injustice physique.

Il y a quelques années, je montrais mon ventre à une de mes associées de l’époque. Elle m’a regardé tristement et m’a dit «  mais comment tu as fait pour ne pas en vouloir à ta fille de t’avoir mise dans cet état ? » J’ai été estomquée par cette remarque , jamais je n’aurai pu faire supporter à ma cadette le poids de mon corps défiguré. Mais est ce le cas pour tout le monde ? PLus ou moins consciemment, est ce possible que nous en voulions à nos enfants de nous avoir fait basculer dans un autre monde ? Combien de fois dit-on d’une femme qui n’a pas eu d’enfants vers la quarantaine : ah bah oui elle a encore son corps? Elle n’ a jamais accouché ? Je vous laisse réfléchir…

Que dire des autres chirurgies ?

Rentrer dans le process des chirurgiens esthétiques, c’est un peu comme les tattoos. On rentre dans une sorte d’addictions. Il y a comme une surenchère qui peut donner des résultats tout à fait apocalyptiques.
Pourtant afin qu’elle soient réussies , je pense qu’il faut intellectualiser ce pourquoi on le fait. A quels besoins cela répond il ? Et aussi pour qui le fait on ?
A quelle souffrance psychologique veut on apporter une réponse physique ?

Vous commencez à me connaître et je n’ai pas créer ce podcast pour donner un avis tranché et autoritaire, ni même que je ne m’autorise aucun jugement.

Accepter de vieillir, accepter les rides, accepter les cheveux blancs,accepter la cellulite n’est pas chose aisée.
Répondre à la question pourquoi je le fais, pourquoi j’accepte de mettre ma vie en danger ( oui une opération n’ a jamais de risques 0) pourquoi j’accepte de mettre mon compte en banque en danger sont quand même des questions auxquelles il convient de trouver des réponses.
Si vous suivez mon compte insta, souvenez vous de la photo postée en février. J’y montre ma cicatrice d’abdominoplastie, j’y montre mes vergetures. Pourquoi cette photo ? Pourquoi cette mise à nu ?
S’il y avait effectivement un problème médical à la base (une vilaine hernie et un diastasis c’est-à-dire que vos abdos, usés par la grossesse, font figure de chaîne à vélos trop lâches et impossible à ré muscler) , j’ai accepté de supprimer ce vilain bas ventre qui a pourri 25 ans de ma vie, qui m’a fait pleurer le matin dans la douche, la journée dans les vestiaires des piscines, la nuit quand je mettais la main sur mon ventre quand je chevauchais un amant.
Subir une abdominoplastie, c’est aussi accepter le fait de ne plus avoir son nombril d’origine. Vous coupez littéralement le cordon avec votre mère, vous niez le lien de vie maternelle. C’est en cela troublant. Et je ne peux pas dire que ce soit sans conséquences psychologique et une fois de plus, le médecin ne vous en parle pas. Se réveiller avec un faux nombril, un nombril fabriqué par la main de votre chirurgien m’a clairement fait un drôle d »’effet. Je ne passerai pas sur le divan du psy pour cela mais dire que c’est anodin est une erreur. Il faut le savoir, réfléchir aux conséquences. Et sans vouloir sonner encore une fois l’hallali sur le corps médical, une petite information du chirurgien eut été la bienvenue.
Mon abdominaplsitie j’en suis fière, je la montre. Je pense même peut être à effectuer un tattoo dessus afin de la metrtre en valeur.

Et puis il y a les chirurgies plus douces…

Les petites piqures et je trouve qu’elles ont un effet immédiat sur notre perception.
Je les assimile plus à une couleur pour mes cheveux,un trait d’eye liner ou de mascara pour nous mettre en valeur ou effacer un rictus de fatigue.
Un acte assez simple, rapide aux dangers mesurés. Qu’ai-je fait ? Juste une petite piqure sur les rides d’amertume car j’ai estimé qu’elles ne correspondaient pas à ce que j’avais dans la tête et puis celle de la ride du lion, très prnoncé chez moi et qui n’a d’ailleurs pas vraiment fonctionné. J’ai pris cela comme un signé ! Lionne je resterai.
Le reste c’est moi, mes 47 ans, mon vécu et je les aime bien ! Mais j’ai d’abord analysé mon mental avant de m’attaquer au physique.
J’ai en cela beaucoup d’admiration pour les femmes qui gardent leurs cheveux gris. J’ai la chance en tant que blonde foncé d’en avoir très peu. Je crois que je ne pourrai pas garder une tête toute grise à47 ans. Avez vous vu des poils gris sur votre pubis ? Moi j’ai eu un choc ! Une amie m’a parlé il y a peu de labiaplastie ou nymphoplastie . Mais c’est pas possible ! En Grande Bretagne et aux États Unis , la demande explose chez les jeunes filles mineures ! Donc m^me pas pour réparer une chatoune brisée par les poussez madame poussez ! Quelle dictature du porno aux vulves parfaites et symétriques subissons nous ! D’autant que ces opérations pourraient diminuer nos sensations et notre plaisir ! Non mais ca va pas la chatte ???

Bref, pour ou contre, là n’est pas la question. Mais ne pas céder aux diktats par essence éphémères, connaître le pourquoi avant le comment, se sentir belle avec des petits seins ou des gros seins, ne plus souffrir du regard des autres, bref s’affranchir du regard social. C’est aussi cela qu’une partie des féministes défend et je les rejoins sur cet item.
Force est aussi de constater qu’on réfélchit mieux sur ce sujet avec la quarantaine. Pas parce qu’on devient plus intelligente mais parce que l’empirisme est notre meilleur allié.

Je nous aime les quadra. Réagissez et transmettez !
Bonne semaine !

Un podcast écrit par Esther Pi, tous droits réservés. Crédit photo Bianca Berg on Unsplash unsplash-logo
Bianca Berg

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