A nos inconstances manqués
Poser un regard positif sur tout n’est pas chose aisée, ce réflexe prend du temps à devenir une hygiène de vie, un post-it mental en permanence collé au front de nos quotidiens.
C’est un réflexe qui va à l’encontre de nos esprits contradictoires, de nos humeurs chafouines. Etre positif est un sport que l’on devrait pratiquer avec endurance. Comme se forcer à aller à la salle de sport, en maugréant puis après satisfaite et repue, fière de l’accomplissement .
Le temps est maussade , le temps est à la pluie, aux inondations.
Et si c’était l’occasion de réfléchir un peu, je vous propose un petit travail introspectif pour contrer vents et marées.
Bienvenue dans ce nouvel épisode de
Repenser à nos batailles, celles qu’on gagné, celles qu’on a perdues : individuellement, intimement , collectivement
Ces batailles : celles du choix ou non-choix de la maternité, celle du célibat ou du mariage, celle d’une belle carrière financièrement épanouie, celle d’une belle carrière pleine de temps, celle d’une belle carrière pleine d’enfants. Celle de nos choix d’amour, de pas d’amour ou d’amours fugaces et en CDD. Et encore celles de nos choix de l’être aimé, de notre orientation sexuelle.
A nos manques d’amour ou nos trop pleins d’amour, à ceux qu’on a trop aimés sans qu’ils le méritent, à ceux qu’on a pas assez aimés et qui le méritaient pourtant
A nos sens pas assez éveillés, nos désirs inassouvis, nos fantasmes réalisés.A tout ce que l’on a pas encore vécus
Et Repenser à nos batailles, en panser les blessures, celles qui nous ont vu déserteuses par manque de courage, ou par lassitude, par aquoibonisme. Celles qui nous ont vu va-t-en guerre, armes au poing, rage au ventre , bave aux lèvres, avec le mot de trop, celui qui atteint l’autre, par son cynisme, son mépris; à ces mots lapidaires, à ces phrases aux,pouvoirs létales
Revoir nos excuses plates, celles qu’on a osé dire tout haut,ou à celles qu’on a pensé très fort mais qu’on a pas osé, celles qui peuvent d’un geste tout réparer. se souvenir de nos défenses dans un silence buté, contrit et contraint, ou dans nos maladives timidités ou nos égos fragiles, imposés, imposants, impossibles.
Imaginer les « Et si j’avais fait cela, si j’avais répondu cela ou pas répondu du tout, quel fil tenu nous maintient donc dans ces vies débordantes et débordées, de quelle energie manquons nous pour prendre les décisions qui nous étaient favorables, de quoi nous punissons nous pour rester dans l’inconfort?
Mesdames, réfléchissons à tous les combats que l’on voudrait mener :
Contre les violences faites aux femmes : sexisme ordinaire, harcèlements, coups, viols et mutilation, meurtre.
Et aussi combattre pour les enfants, le sel de la vie, notre avenir, celui de la planète : les maltraités, les abandonnés, les malades, les jetés dans des embarcations de fortune en pleine mer et dont personne ne veut.
Mais pas que,
soutenir nos regards sur cet homme tué en pleine rue, à pleine main, à plein coude sur ses cordes vocales , sur sa trachée, « I cant’ breathe » à la face d’un monde qui n’a pas foutu son poing dans la gueule à ce FDP armé « force et honneur », on est en 2020 et on tue un homme parce qu’il est noir donc définitivement suspect. Pas grave Trump fermera les réseaux sociaux et tout ira mieux. Ca finira bien par refroidir.
Les femmes et les enfants d’abord, et les hommes.
Ah oui non et les animaux torturés, pour des Labos et quelques rouge à lèvres qu’on ne met plus sous le masque , ces vaches hublots, ces porcs à peine assommés, ces poules qui marchent sur leurs congénères mutilées qui n’ont jamais vu la couleur du ciel.
A nos paradoxes , des plus futiles au plus importants :
Nos envies d’évasion, nos envies casanières, nos rêves de potager et de poules, nos fantasmes de d’ancrage, notre besoin de pollution, de liens sociaux, de ville, sous couvert d’une folle intensité culturelle dont au final on ne profite guère, par manque de temps, par manque d’argent, par flemmardise, par réflexe Netflix calé sous nos couettes.
A nos éducations manquées, à nos familles décomposées, à nos familles recomposées.
Aux enfants qui partent et ne reviennent pas ou si peu. Aux enfants qu’on ne peut plus prendre dans les bras, à ceux qui qu’on a vu changer, évoluer pas comme on aurait voulu, pas dans la direction qu’on voulait. Pour eux ou pour nous. Nos idéaux ne sont pas les leurs, notre exemple s’est mué pour eux en formidable contre pied. On se demande ce qu’on a raté, comment on aurait du s’y prendre, où on a merdé. Et si on fera mieux la prochaine fois sauf qu’il n’y aura plus de prochaine fois.
A nos missions ratées, aux jobs qu’on a refusé, à ceux qu’on a pris en sachant qu’ils ne nous convenaient pas. Aux boss qu’on aurait du gifler, aux boss qu’on aurait du remercier , aux collégues qu’on a méprisé, à ceux qui sont devenus des sœurs.
A celles qu’on a réussi, muant notre talent en une simple chance, parce que l’on se sent imposteur,
à nos amitiés merveilleuses, à celles qu’on a loupé, aux amies qu on a soutenu celles qu on a pas assez accompagnées, à celles dont on s’est réjoui du bonheur
A nos manques de générosité
A nos manques d’empathie, à nos regards ailleurs dans le métro, à nos pièces jetées dans les boites en fer rouge et blanc pour se soulager. A nos forces solidaires dans les tourmentes. A nos présences pour manifester, hurler,
Aux difficiles acceptations de nos corps, à nos cicatrices massées, nos cellulites marquées, nos rides cachées, piquousées, botoxés, nos ovales imparfaits, nos hanches trop larges, nos seins trop petits.
A nos écologies manquées, aux tris que l’on fait, aux lumières que l’on éteint, aux bains que l’on ne prend plus, à nos efforts que l’on pourrait croire vains pour nous sauver de l’inexorable défaite
Un jour on m’a demandé pourquoi je faisais ce podcast. Ce que j’avais à dire , mon but, mon modèle économique, mon mantra, mon manifesto, le Why des mots dans lesquels je m’ennvre, mes réflexions, mes coups de gueule. Quel est mon dénominateur commun ?
Au début, c’était pour défendre mon statut de maman quadra, de femme qui accepte sa quarantaine mais pose encore des options sur une manière de vivre,de penser. Et puis un jour on m’a taxée de féministe, sans reproche mais d’une façon assez péremptoire. Et là encore, je ne me suis pas reconnue dans cette définition. Cette façon de systématiquement mettre des étiquettes me dérange. Ce manichéisme dans lequel ce monde vit me dérange et me rend schizophrène
Et je n’ai aucun modèle économique, ce podcast n’a aucun but mercantile mais se veut le porte voix d’un seul message, celui que je revendique depuis si longtemps, sans même en avoir eu conscience, celui d’une recherche éperdue de la liberté sous toutes sous formes.
Une liberté que j’enseigne, que je conceptualise que je prosélyte dans mes productions, dans mes cours avec mes étudiants.
Voilà mon message avec en même temps fuck, être libre : D’agir ou pas, de faire ou pas, d’être mince, grosse, maquillée, pas maquillée, intelligente ou bête, sage ou délurée, de prendre des décisions ou pas ( ne pas choisir est en soi un choix)
La liberté est ma dose, mon héroïne, elle est pour moi la clé et savoir la garder peut se révéler un combat quotidien. Cultiver la liberté c’est x
Je porte un hymne nos maillons faibles, nos pleurs, nos nuits sombres, nos errements, à nos doutes, à nos angoisses, qu’ils soient désespérément éveillés , tenaces.Ce sont eux qui nous font avancer.
J’aime nos maillons forts, nos éclats de joie, nos rires, nos envies, nos passions. Ce sont eux qui nous maintiennent vivants.
Dans ma rue les masques par terre jonchent le sol.
Le monde d’après ressemble en pire au monde d’hier. Car il a eu la conscience fugace de sa fragile condition.
Les maisons brulent, les forets s’enflamment, les rivières sortent de leur lit , les animaux sauvages rejoignent les villes, la banquise recouvre les littoraux, les hommes ont les pieds dans l’eau.
Mais je porte aux nues les alignements de nos étoiles imparfaites, je porte aux nues nos imperfections dans ce désir fou de l’acceptation de soi.
Je veux bien bruler en enfer si je pars avec le sentiment d’avoir vécu, avoir passionnément aimer la vie, dans ses chemins de traverse, avoir été fière de mes erreurs, avoir été fière de mes réussites.
Et de boire la coupe jusqu’à la lie, de s’enivrer pour oublier, pour tout cramer, tout reconstruire, Après moi le déluge qu’aucun Noé ne viendra sauver. Il a déjà donné.