#18 A Nos actes manqus

A nos inconstances manqués

Poser un regard positif sur tout n’est pas chose aisĂ©e, ce rĂ©flexe prend du temps Ă  devenir une hygiĂšne de vie, un post-it mental en permanence collĂ© au front de nos quotidiens. 

C’est un rĂ©flexe qui va Ă  l’encontre de nos esprits contradictoires, de nos humeurs chafouines. Etre positif est un sport que l’on devrait pratiquer avec endurance. Comme se forcer Ă  aller Ă  la salle de sport, en maugrĂ©ant puis aprĂšs satisfaite et repue, fiĂšre de l’accomplissement . 

Le temps est maussade , le temps est à la pluie, aux inondations. 

Et si cÂ’Ă©tait l’occasion de rĂ©flĂ©chir un peu, je vous propose un petit travail introspectif pour contrer vents et marĂ©es.

Bienvenue dans ce nouvel épisode de 

Repenser Ă  nos batailles, celles qu’on gagnĂ©, celles qu’on a perdues : individuellement, intimement , collectivement

Ces batailles  : celles du choix ou non-choix de la maternitĂ©, celle du cĂ©libat ou du mariage, celle d’une belle carriĂšre financiĂšrement Ă©panouie, celle d’une belle carriĂšre pleine de temps, celle d’une belle carriĂšre pleine d’enfants. Celle de nos choix d’amour, de pas d’amour ou d’amours fugaces et en CDD. Et encore celles de nos choix de l’ĂȘtre aimĂ©, de notre orientation sexuelle.

A nos manques d’amour ou nos trop pleins d’amour, Ă  ceux qu’on a trop aimĂ©s sans qu’ils le mĂ©ritent, Ă  ceux qu’on a pas assez aimĂ©s et qui le mĂ©ritaient pourtant 

A nos sens pas assez Ă©veillĂ©s, nos dĂ©sirs inassouvis, nos fantasmes rĂ©alisĂ©s.A tout ce que l’on a pas encore vĂ©cus 

Et Repenser Ă  nos batailles, en panser les blessures,  celles qui nous ont vu dĂ©serteuses par manque de courage, ou par lassitude, par aquoibonisme. Celles qui nous ont vu va-t-en guerre, armes au poing, rage au ventre , bave aux lĂšvres, avec le mot de trop, celui qui atteint l’autre, par son cynisme, son mĂ©pris; Ă  ces mots lapidaires, Ă  ces phrases aux,pouvoirs  lĂ©tales 

Revoir nos excuses plates, celles qu’on a osĂ© dire tout haut,ou Ă  celles qu’on a pensĂ© trĂšs fort mais qu’on a pas osĂ©, celles qui peuvent d’un geste tout rĂ©parer. se souvenir de nos dĂ©fenses dans un silence butĂ©, contrit et contraint, ou dans nos maladives timiditĂ©s ou nos Ă©gos fragiles, imposĂ©s, imposants, impossibles. 

Imaginer  les «  Et si j’avais fait cela, si j’avais rĂ©pondu cela ou pas rĂ©pondu du tout, quel fil tenu nous maintient donc dans ces vies dĂ©bordantes et dĂ©bordĂ©es, de quelle energie manquons nous pour prendre les dĂ©cisions qui nous Ă©taient favorables, de quoi nous punissons nous pour rester dans l’inconfort?

Mesdames, rĂ©flĂ©chissons Ă  tous les combats que l’on voudrait mener : 

Contre les violences faites aux femmes :  sexisme ordinaire, harcÚlements, coups, viols et mutilation, meurtre.

Et aussi combattre pour les enfants, le sel de la vie, notre avenir, celui de la planÚte : les maltraités, les abandonnés, les malades, les jetés dans des embarcations de fortune en pleine mer et dont personne ne veut. 

Mais pas que, 

soutenir nos regards sur cet homme tuĂ© en pleine rue, Ă  pleine main, Ă  plein coude sur ses cordes vocales , sur sa trachĂ©e, «  I cant’ breathe » Ă  la face d’un monde qui n’a pas foutu son poing dans la gueule Ă  ce FDP armĂ© «  force et honneur », on est en 2020 et on tue un homme parce qu’il est noir donc dĂ©finitivement suspect. Pas grave Trump fermera les rĂ©seaux sociaux et tout ira mieux. Ca finira bien par refroidir. 

Les femmes et les enfants d’abord, et les hommes. 

Ah oui non et les animaux torturĂ©s, pour des Labos et quelques rouge Ă  lĂšvres qu’on ne met plus sous le masque  , ces vaches hublots, ces porcs Ă  peine assommĂ©s, ces poules qui marchent sur leurs  congĂ©nĂšres mutilĂ©es qui n’ont jamais vu la couleur du ciel. 

A nos paradoxes , des plus futiles au plus importants : 

Nos envies dÂ’Ă©vasion, nos envies casaniĂšres, nos rĂȘves de potager et de poules, nos fantasmes de d’ancrage, notre besoin de pollution, de liens sociaux, de ville, sous couvert d’une folle intensitĂ© culturelle dont au final on ne profite guĂšre, par manque de temps, par manque d’argent, par flemmardise, par rĂ©flexe Netflix calĂ© sous nos couettes. 

A nos éducations manquées, à nos familles décomposées, à nos familles recomposées.

Aux enfants qui partent et ne reviennent pas ou si peu. Aux enfants qu’on ne peut plus prendre dans les bras, Ă  ceux qui qu’on a vu changer, Ă©voluer pas comme on aurait voulu, pas dans la direction qu’on voulait. Pour eux ou pour nous. Nos idĂ©aux ne sont pas les leurs, notre exemple s’est muĂ© pour eux en formidable contre pied. On se demande ce qu’on a ratĂ©, comment on aurait du s’y prendre, oĂč on a merdĂ©. Et si on fera mieux la prochaine fois sauf qu’il n’y aura plus de prochaine fois. 

A nos missions ratĂ©es, aux jobs qu’on a refusĂ©, Ă  ceux qu’on a pris en sachant qu’ils ne nous convenaient pas. Aux boss qu’on aurait du gifler, aux boss qu’on aurait du remercier , aux collĂ©gues qu’on a mĂ©prisĂ©, Ă  ceux qui sont devenus des sœurs.

A celles qu’on a rĂ©ussi, muant notre talent en une simple chance, parce que l’on se sent imposteur, 

Ă  nos amitiĂ©s merveilleuses, Ă  celles qu’on a loupĂ©, aux amies qu on a soutenu celles qu on a pas assez accompagnĂ©es, Ă  celles dont on s’est rĂ©joui du bonheur

A nos manques de générosité 

A nos manques d’empathie, Ă  nos regards ailleurs dans le mĂ©tro, Ă  nos piĂšces jetĂ©es dans les boites en fer rouge et blanc pour se soulager. A nos forces solidaires dans les tourmentes. A nos prĂ©sences pour manifester, hurler, 

Aux difficiles acceptations de nos corps, à nos cicatrices massées, nos cellulites marquées, nos rides cachées, piquousées, botoxés, nos ovales imparfaits, nos hanches trop larges, nos seins trop petits. 

A nos Ă©cologies manquĂ©es, aux tris que l’on fait, aux lumiĂšres que l’on Ă©teint, aux bains que l’on ne prend plus, Ă  nos efforts que l’on pourrait croire vains pour nous sauver de l’inexorable dĂ©faite 

Un jour on m’a demandĂ© pourquoi je faisais ce podcast. Ce que j’avais Ă  dire , mon but, mon modĂšle Ă©conomique, mon mantra, mon manifesto, le Why des mots dans lesquels je m’ennvre, mes rĂ©flexions, mes coups de gueule. Quel est mon dĂ©nominateur commun ? 

Au dĂ©but, cÂ’Ă©tait pour dĂ©fendre mon statut  de maman quadra, de femme qui accepte sa quarantaine mais pose encore des options sur une maniĂšre de vivre,de penser. Et puis un jour on m’a taxĂ©e de fĂ©ministe, sans reproche mais d’une façon assez pĂ©remptoire. Et lĂ  encore, je ne me suis pas reconnue dans cette dĂ©finition. Cette façon de systĂ©matiquement mettre des Ă©tiquettes me dĂ©range. Ce manichĂ©isme dans lequel ce monde vit me dĂ©range et me rend schizophrĂšne 

Et je n’ai aucun modĂšle Ă©conomique, ce podcast n’a aucun but mercantile mais se veut le porte voix d’un seul message, celui que je revendique depuis si longtemps, sans mĂȘme en avoir eu conscience, celui d’une recherche Ă©perdue de la libertĂ© sous toutes sous formes. 

Une libertĂ© que j’enseigne, que je conceptualise que je prosĂ©lyte dans mes productions, dans mes cours avec mes Ă©tudiants.

VoilĂ  mon message avec en mĂȘme temps fuck, ĂȘtre libre : D’agir ou pas, de faire ou pas, d’ĂȘtre mince, grosse, maquillĂ©e, pas maquillĂ©e, intelligente ou bĂȘte, sage ou dĂ©lurĂ©e, de prendre des dĂ©cisions ou pas ( ne pas choisir est en soi un choix) 

La libertĂ© est ma dose, mon hĂ©roĂŻne, elle est pour moi la clĂ© et savoir la garder peut se rĂ©vĂ©ler un combat quotidien. Cultiver la libertĂ© c’est x

Je porte un hymne nos maillons faibles, nos pleurs, nos nuits sombres,  nos errements, Ă  nos doutes, Ă  nos angoisses, qu’ils soient dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă©veillĂ©s , tenaces.Ce sont eux qui nous font avancer. 

J’aime nos maillons forts, nos Ă©clats de joie, nos rires, nos envies, nos passions. Ce sont eux qui nous maintiennent vivants. 

Dans ma rue les masques par terre jonchent le sol. 

Le monde d’aprùs ressemble en pire au monde d’hier. Car il a eu la conscience fugace de sa fragile condition. 

Les maisons brulent, les forets s’enflamment, les riviùres sortent de leur lit , les animaux sauvages rejoignent les villes, la banquise recouvre les littoraux, les hommes ont les pieds dans l’eau. 

Mais je porte aux nues les alignements de nos Ă©toiles imparfaites, je porte aux nues nos imperfections dans ce dĂ©sir fou de l’acceptation de soi. 

Je veux bien bruler en enfer si je pars avec le sentiment d’avoir vĂ©cu, avoir passionnĂ©ment aimer la vie, dans ses chemins de traverse, avoir Ă©tĂ© fiĂšre de mes erreurs, avoir Ă©tĂ© fiĂšre de mes rĂ©ussites. 

Et  de boire la coupe jusqu’à la lie, de s’enivrer pour oublier, pour tout cramer, tout reconstruire, AprĂšs moi le dĂ©luge qu’aucun NoĂ© ne viendra sauver. Il a dĂ©jĂ  donnĂ©. 

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